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                            REVUE DU MOIS                              157
    Tant que Lyon ne possédera pas une salle pour les grandes réunions,
nos livres en pâtiront et devront, quinze jours durant, subir la pous-
sière que leur octroient libéralement les charpentiers, les tapissiers et
les quelques miliers d'auditeurs qui se succèdent. Comme ils s'en por-
teraient mieux, ces vénérables volumes, si l'on employait chaque année
le même temps et les mêmes efforts à leur époussetage et leur mise en
état!
    A la place des orateurs, savez-vous que je me sentirais gêné à la
pensée que les livres ont peut-être des oreilles et combien il est difficile
de trouver un thème inédit et des idées qui ne soient imprimées depuis
longtemps, dans aucun de ces muets témoins.
    Les personnages politiques sont condamnés aux redites ; ils ne peu-
vent que répéter ce qui se dit depuis un siècle et plus, sur la sollicitude
du gouvernement pour propager l'instruction. C'est encore aux Beaux-
Arts que les orateurs font montre de plus d'originalité. M. Kaempfen,
directeur des Musées nationaux, a trouvé le moyen d'être neuf — pour
la neuvième fois, et M. Echernier, président du Conseil d'adminis-
tration, a développé cette idée que la caricature, l'envers de l'art, est
l'affirmation du beau par le contraire.
   ){ Plus favorisés que nous, les méridionaux peuvent donner leurs fêtes
en plein air. Mais ils poussent un peu loin la confiance en leur climat,
quand ils exposent leurs hôtes à coucher dehors, comme cela est arrivé
à Orange à tant de Lyonnais.
   J'avais failli subir cette mésaventure, il y a deux ans, lors de la repré-
sentation de l'Empereur d'Arles. Quand je contai mon odyssée, plus
d'un m'accusa de forcer la note et d'avoir pris l'accent de là-bas. Ceux
qui ont erré par les rues d'Orange, en quête d'un lit, me rendront au
moins témoignage.
   Fort heureusement que la troupe de Luigini se compose d'instru-
mentistes et non de chanteurs ; sinon, ces vaillants artistes eussent
risqué de voir compromis par l'enrouement ou le coryza une partie de
leurs moyens.

   ^( Pendant que les Orangeois cherchent à restituer les représentations
scéniques de l'antiquité, un industriel a voulu nous rendre un divertis-
sement qui fit la joie de nos grand'tantes, il y aura tantôt cinquante
ans.
  Les Montagnes russes, installées à Perrache, ont attiré la foule,