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120 UNE COLLECTION D'AUTOGRAPHES Le même personnage a apposé bon nombre de signatures fausses sur de vieux bouquins. Tant pis pour les ignorants ! Mais précisément beaucoup d'anciens ouvrages ont con- servé sur leurs gardes et leurs marges plus d'une indication précieuse que nous sommes heureux de retrouver. Plus que bien des documents imprimés, elles nous permettent d'appré- cier les idées de l'époque; un mot parfois suffit à nous éclairer à l'égard de certains personnages. Sur la garde d'un exemplaire de Franco, je lis, écrits en caractères gothiques du milieu du xvie siècle, ces deux vers que signerait plus d'un maître de nos modernes décadents : Maudict soict II quy fist amours Que ne les fist durer tousjours, etc. Faut-il attendre encore cinquante ans pour admettre que telles mauvaises pensées couraient déjà dans l'air, bien avant Vanini et la bizarre architecture de son singulier panthéisme. Par contre, je trouve sur le titre de la Chirurgie d'un grand maître oublié, de Tagault, professeur sous Fran- çois Ier, inscrits ces deux mots d'un pieux médecin du * temps : Dum spiro Spero. Et bien d'autres encore! Parfois, ce sont des documents d'un certain prix, et j'espère entretenir un jour l'Académie de notes intéressantes et signées, trouvées sur les gardes de deux ouvrages ayant appartenu à Panthot, cet illustre doyen du collège des mé- decins de Lyon au xvne siècle, qui attend encore son bio- graphe.