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68 REVUE CRITIQUE M. Maissiat fait passer ce peuple par Sylari, Nantua et Ceyzériat, il leur fait traverser la Saône sur le même point que notre savant collaborateur. Mais, comment une étude sur la septième campagne de César, et le siège d'Alésia, peut-elle former un chapitre de l'histoire des anciennes provinces de la Bresse et du Bugey? En voici l'explication, qui résume en quelques mots tout le système de l'auteur. D'après M. Maissiat, César est entré en Gaule par la Perte du Rhône, où il trouvait un pont naturel pour faire passer son armée (tom. I", p. 335). Or, quand, après son échec sous les murs de Gergovie, il battit en retraite devant l'armée victorieuse de Vercingétorix, son but fut de regagner la Pro- vince en traversant de nouveau la Perte du Rhône. Et c'est ainsi que les opérations de sa retraite l'amenèrent "Elans le voisinage d'Izernore, où l'auteur place Alésia (Voy. notamment tom. II, p. 254). Sans doute, dans l'état actuel de la science, cette thèse n'est guère soutenable aujourd'hui. Néanmoins, l'ouvrage de M. Maissiat est un livre remarquable par la science qu'on y trouve. Si, par excès de patrio- tisme local, l'auteur se trompe en voyant Alésia dans Izernore, ses observations et ses découvertes sont précieuses pour l'étude des anti- quités de cette ancienne cité et des localités qui l'avoisinent. En faisant bon marché de ses étymologies trop hasardées, et en écartant les con- séquences forcées que l'auteur tire de faits, dont il exagère la portée, il demeure acquis, par les ruines encore subsistantes de ses monuments, de même que par les inscriptions, les médailles et les antiquités de toutes sortes retrouvées à Izernore, que cette ville parvint à un rare degré de splendeur, sous la domination des Romains. Mais on ne sau- rait aller au delà , sans donner aux événements historiques une couleur romanesque, que repoussent aussi bien les données fournies par l'ar- chéologie et l'étude de la topographie locale, que les textes de l'his- toire écrite elle-même. A. V.