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66                         REVUE CRITIQUE

   11 serait trop long de rappeler ici tous les travaux auxquels se livra,
pendant ses trois sessions, l'Assemblée de Romans. Aucun sujet digne
de l'attention de ses membres ne fut dédaigné par eux. Qu'il s'agisse
de l'intérêt de l'agriculture ou de celui du commerce, des travaux
publics ou de l'assistance des classes pauvres, nous retrouvons toujours
le même zèle et le même dévouement. L'enthousiasme déborde de
tous les cœurs; l'intérêt personnel disparaît et, chose que nous n'avons
plus revue depuis, l'union la plus étroite ne cesse de régner entre tous
ces hommes, qu'aucune préoccupation de caste ne dirige plus.
   Mais si nous ne pouvons esquisser ici que d'une manière générale,
la nature des questions étudiées au sein de cette réunion, il en est une
pourtant que nous ne pouvons laisser inaperçue, tant elle intéresse
l'histoire de notre ville. Un jour l'Assemblée de Romans vit arriver
une députation de la Guillotière, venant réclamer son appui, dans un
procès contre la ville de Lyon, dont était saisi alors le Conseil du Roi,
et qui ne saurait manquer d'exciter l'étonnement de nos contem-
porains.
   Exclus du conseil de la cité, les habitants de ce faubourg étaient
soumis pourtant au paiement de toutes les taxes imposées aux habi-
tants de Lyon. Et c'était pour se soustraire à des charges, apparem-
ment fort onéreuses, qu'ils demandaient avec insistance que la Guillotière
fût reconnue partie intégrante de la province du Dauphiné.
   Le travail du rapporteur, chargé de l'examen de cette affaire, ren-
ferme de ci/rieuses révélations sur ce litige, qui dura pendant plusieurs
siècles. Nous y voyons ainsi qu'après avoir réussi, pendant longtemps,
à échapper, comme bourg dauphinois, aux contributions supportées
par les habitants de Lyon, la Guillotière avait fini par succomber, en
1725, devant le Conseil du Roi, par suite d'un de ces revirements de
jurisprudence qui, paraît-il, étaient aussi fréquents que de nos jours, et
depuis cette époque, ses malheureux habitants vivaient « sous l'oppres-
« sion du fermier des Aides et de celui des Octrois. »
  Evidemment, les Etats du Dauphiné ne pouvaient repousser une
demande qui s'adressait à leur patriotisme local; ils l'accueillirent donc
avec faveur, en invitant « Messieurs les Procureurs-Généraux-Syndics
« à intervenir au procès devant le Conseil du Roi, pour faire déclarer
« que la Guillotière faisait partie du Dauphiné et devait jouir de tous
« les droits de cette province. »
  La Révolution devait mettre un terme à ce litige séculaire, comme