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34              LA DONATION DE LA PART-DIEU

   Mais ce qui la rend plus étrange encore, c'est qu'elle a
une sanction : au cas où il serait contrevenu à cette défense,
du vivant de la donatrice, les recteurs s'obligeaient de
lui payer, chaque année, un supplément de pension de
500 livres. Et si c'était après son décès, cette somme de
500 livres devait être payée aux Révérends Pères du Tiers-
Ordre de Saint-François, établis à la Guillotière.
   A raison de toutes ces charges et conditions, la libé-
ralité de Mms de Servient était donc loin de présenter les
avantages sous lesquels elle nous apparaît aujourd'hui. Car,
en 1725, les biens donnés n'étaient pas estimés à plus de
120,000 livres (9). Or, non seulement cette valeur était
inférieure à celle qu'ils ont acquise de nos jours ; mais il en
résultait aussi qu'à un moment, où l'on ne pouvait guère
prévoir l'avenir réservé aux terrains de la rive gauche du
Rhône, les charges imposées étaient presque équivalentes à
la valeur du capital donné. On accepta toutefois, et dès la
première année, l'Hôtel-Dieu dut débourser une somme de
16,000 livres. Et, sans retirer d'autres revenus que ceux de
quelques rentes nobles d'un produit assez modique, avec
les modestes fermages du domaine de la Part-Dieu, on dut
servir, chaque année, la rente de 6,000 livres, stipulée en
faveur de la donatrice, avec celle de 275 livres, existant au
profit du Chapitre d'Ainay de la maison des Pères Jacobins,
et du sieur Aulas et les autres pensions, dont le chiffre ne
nous est point connu.
  Pendant huit années, l'acquisition du domaine de la
Part-Dieu, loin d'avoir enrichi l'Hôtel-Dieu, ne fut donc


  (9) Nomenclature des Fondateurs et Bienfaiteurs des Hospices civils
de Lyon, p. 60,




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