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LE CENTENAIRE DE L'ASSEMBLEE DE VIZILLE 15
21 juillet; seulement, il ne voulait pas qu'elle eut lieu dans
la ville ou près de la ville. C'est alors que M. Claude Périer
offrit son château de Vizille pour lieu de la réunion à quatre
lieues de Grenoble. Les promoteurs de l'Assemblée l'accep-
tèrent et le maréchal laissa faire.
II
Nous voici en présence de cette Assemblée de Vizille
du 21 juillet 1788. Il s'est formé sur elle bien des préjugés
et une très contestable légende. On a vu des ultras de la
Restauration accuser leurs propres pères de démence poli-
tique et presque de jacobinisme, pour avoir pris part à ce
mouvement et l'on est étonné d'avoir à justifier aux yeux
mêmes de leurs fils/ces hommes généreux, vraiment fidèles
de cœur à ce qu'ils croyaient être la vieille Constitution de
la France et du Dauphiné. Quand on lit avec attention leurs
déclarations, on n'y trouve ni idées novatrices ni accent
révolutionnaire. Pour témoigner de leur attachement au
roi, les promoteurs du mouvement avaient voulu se réunir
au couvent des Minimes de la Plaine, sur la tombe du che-
valier Bayard, en s'abritant en quelque sorte sous le loya-
lisme du chevalier sans peur et sans reproche. Le maréchal
de Vaux le leur avait interdit, parce que c'était trop près
de Grenoble. Ils n'avaient pas insisté. Il ne leur déplaisait
pas, après tout, d'aller réclamer la résurrection des libertés
du Dauphiné dans le château même de ce connétable de
Lesdiguières, qui avait tant contribué à les détruire ! Tout
cela ne semblait-il pas émaner d'une pensée de restauration
et non de révolution ? N'y avait-il pas aussi une certaine