Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
 10      LE CENTENAIRE DE I.'ASSEMBLEE DE VIZILLE

   C'est ce qui arriva au Parlement de Grenoble, le
 10 mai 1788. Cette grande Compagnie judiciaire étant
réunie dans son vieux palais, encore debout aujourd'hui,
M. le duc de Tonnerre, lieutenant général, commandant la
province du Dauphiné, porteur de lettres de cachet collec-
tives et adressées à toute la Compagnie, exigea que le Pro-
cureur général requît l'enregistrement, et sur le refus du
Premier Président d'y procéder, M. de la Bove, intendant
du Dauphiné, enregistra les deux derniers édits, et quelques
autres restés en arrière, tels que ceux concernant les
Assemblées provinciales, la perception d'un second ving-
tième, etc.
   Les mêmes enregistrements forcés eurent lieu à la
 Chambre des comptes par les ordres de M. de Macien,
commandant en second de la province.
   L'émotion que les édits et le lit de justice excitaient dans
les rangs de la haute magistrature, se communiqua bientôt
au reste de la population grenobloise. La diminution de la
juridiction du Parlement et la réduction des offices, mena-
çaient beaucoup d'existences. Des intérêts nombreux se
soulevaient donc contre cette réforme. Le corps muni-
cipal, sous la direction de ses trois consuls, se fit l'écho de
ces mécontentements.
   Le peuple même de Grenoble, par l'organe de ses qua-
rante et une corporations, fit aussi dans le même sens des
réclamations qui furent portées au pied du trône. Ce n'était
pas cette foule indistincte, appelée de nos jours le suffrage
universel. C'était la nation organisée, dont les forces
sociales, très diverses, concouraient dans le même but.
   Le 20 mai suivant, le Parlement voulant, après les
vacances de la Pentecôte, aller siéger au Palais de Justice,
trouva portes closes. Des sentinelles, commandées par