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VIEUX AUTOGRAPHES 455 M. Alexis Rousset, notre fabuliste lyonnais, dont le ta- lent d'ailleurs, en sa naïveté, a un si bon air de famille avec celui de Lafontaine, est un de ces pionniers du pré- sent.—Lui, dont la vie a été mêlée à celle de toutes les illus- trations lyonnaises d'il y a trente ans, qui a été le confident, l'ami de ces génies étincelants, leur associé même et, dont le nom est absolument lié aux leurs, un jour, dans sa soli- tude, devant le rideau noir d'un âge dont il dit trop de mal — et qui vaut mieux que cela à en croire Cicéron, — a vu apparaître, se dresser devant lui tous ces grands esprits, non pas tels que le marbre nous les a conservés, dans une atti- tude olympienne, drapés dans leur majesté et ornés de tous ces vains appareils de l'admiration et de la vanité humaine; non point tels qu'ils voulaient être, mais tels qu'ils sont, c'est-à -dire en pantoufles, en robe de chambre, avec le rire sur les lèvres et dans les épanchements de la vie privée. Il les a retrouvés surtout avec leur originalité propre et comme revivant dans leur correspondance, dans leurs let- tres, ces messagers de l'âme, ces signes sensibles de la con- versation familière. — Et comme, pour M. Rousset, il n'y a pas loin d'un souvenir à la réalité, et qu'il n'est d'ailleurs si bonne fortune qu'il ne veuille partager avec ses amis et ses compatriotes, en peu de temps il a eu bien vite mis en ordre, classé ces reliques du passé, et de la réunion de ces autographes, auxquels il a ajouté quelques dessins très-spi- rituels, des croquis, des charges, il a formé le recueil le plus charmant, le plus intéressant qu'il y ait peut-être dans ce genre, — un de ces livres comme on les aime, et dont on ne soupçonnait pas le prix. C'est proprement un charme que de parcourir ces pages où se trouvent pressés et confondus (trop confondus peut- être) les plus grands noms lyonnais. On y trouve à peu près tous ceux, artistes, poètes, pein-