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462 VIEUX AUTOGRAPHES Nicolas, tantôt chez Cailhava, ils se livraient au plai- sir, à la joie, avec une exubérance et un abandon dont on peut se faire une idée en consultant quelques pièces qui sont restées, et notamment un procès-verbal de ces séances que M. Rousset a reproduit in-extenso, dans son excellent recueil. Ce qui faisait l'attrait de ces fêtes gastronomiques ce n'était point seulement la satisfaction donnée à l'appétit et à la gourmandise, mais la joie de se trouver à table, réunis, libres de rire, de causer, de badiner, d'échanger des idées riantes et au besoin d'agiter les grelots de la folie pour se venger des heures de gravité et de labeur. Au milieu des élans d'une verve intarissable et de ces joyeux ébats, c'est en vain qu'on eût trouvé un seul sociétaire capable de récla- mer en faveur de l'estomac et de s'écrier comme le fameux parasite Montmaur, troublé dans son devoir par l'hilarité bruyante de ses amis : « Ah ! messieurs, un peu de silence, on ne sait pas ce qu'on mange. » C'était un véritable convivium, c'est-à -dire la réunion à table d'une société d'a- mis, regardée comme le lien de la vie et non pas un sympo- sium, un compotatio, concœnatio, ce qui signifie proprement une assemblée de personnes ne s'occupant que de boire et de manger. C'est là le sens du mot et celui des repas d'au- jourd'hui. Aussi bien que dans une salle d'armes, on faisait assaut ; assaut de plaisanteries de toutes sortes. On parlait de tout, souvent sans raison, mais on disait toujours des choses apporté deux ou trois seulement. Brindeau sortit et se fit conduire chez un bonnetier. Il revint avec une charge de casques à mèche, dont on fit l'usage indiqué et qu'on se promit de garder comme souvenir. De petites causes naissent souvent les grands effets, et bientôt la So- ciété des IntelIUigents ne s'appela plus guère que !a Société des Bonnets de coton. — Vieux autographes, — cahier 6, n° 12 (dessin).