page suivante »
L'EXPOSITION DE 1879 293 des quatre paysages exposés par M. Ponthus-Cmier, la Plaine de Culoz inondée, vue prise du val Romey. L'ab- sence de tout papillottement et un effet de lumière sur le Rhône font de ce paysage une œuvre à part. Elle ramène sur la cimaise de gauche et tout près d'une petite tête d'é- tude, coiffée d'un bonnet à la Charlotte Corday, par un Russe, M. Thomakoff, qui nous plaît par le ton blond dans lequel elle est peinte. Nous voyons alors la spirituelle sin- gerie de M. Hadamard : le magistrat devant lequel on amène un coupable est plein de lui-même et de la dignité dont il est revêtu. Son arrêt sera sévère, mais juste, et dès qu'il l'aura rendu, il ira dîner avec la satisfaction d'une conscience tranquille. Tout à côté sont deux toiles, de M. Palizzi, d'un coloris gras et frais : une Anesse et son ânon, une Vache et son veau ; c'est champêtre, comme vous voyez; mais, si vous voulez vous retrouver à la ville, regardez, sur cette terrasse qui la domine, le groupe de philosophes que M. Simener, de Séville, a assis sur un vaste banc de mar- bre. C'est spirituellement touché et malicieusement des- siné, de plus très-harmonieux, sauf le manteau rouge de l'un des graves personnages qui fait tache dans l'ensemble. Malgré cette tache, c'est l'une des plus jolies petites toiles du Salon. Si l'on en croit le livret, cela s'appelle un Banquet de philosophes; pour nous, cela doit s'intituler le Banc des philosophes ; mais le livret est si mal imprimé, cette année, il contient tant d'erreurs, tant de désignations fausses qu'il ne faut s'étonner de rien. Ne quittons pas, pour cela, notre cimaise, et, après avoir jeté un coup d'oeil sur la Hottée de raisins, de M. Bavoux, si originalement éclairée par la lu- mière qui passe au travers des trous de la hotte, soyons tout au plaisir de regarder la tête de Jeune fille, de M. Casti- glione, bien définie, bien peinte, et illuminant d'un franc sourire une bouche adorable; cette tête vous attire et vous