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250          LES DEUX VOYAGES D'ABRAHAM GOLNITZ
excellent, surtout à cause des fraises et des cerises qu'on
nous servit, et qui nous causèrent une surprise agréable.
   Après dîner, nous continuâmes notre route dans une
plaine agréable (1), et, laissant à notre droite le château
de Cousan (2) et le monastère àz Leigneu (3), nous arri-
vons, à un mille de distance, dans la petite ville de Boën. De
là, nous traversons successivement les villages, assez peu
connus, de la Bouteresse, Sainte-Agathe, Saint-Etienne (4),
et Naconne (5), et nous arrivons, à trois milles de Boën,
à la rivière du Lignon, cours d'eau peu large, mais assez
profond, que nous traversons sur un bac, en payant un
demi-sou pour chaque passager.


   (1) Comme on le voit sur la carte de Cassini, l'ancienne route sui-
vait d'abord, de l'Hôpital à Boën, la rive droite de l'Anzon, puis elle
traversait deux fois le Lignon, pour passer sur la rive gauche de cette
rivière, seulement en face du village de Leigneu.
   (2) Cousan, château situé sur la commune de Sail-sous-Cousan,
longtemps possédé par les familles chevaleresques de DamasetdeLévis.
Les ruines grandioses de cette ancienne forteresse féodale sont, encore
aujourd'hui, le monument le plus remarquable de l'architecture militaire
du moyen-âge que possède le Forez.
   (3) Leigneu, d'abord prieuré de femmes de l'ordre de Saint-Benoît,
fondé en 1050 par une noble dame du nom d'Albane, fut érigé en cha-
pitre de chanoinesses nobles du même ordre en 1748.
   (4) Saint-Etienne-le-Molard, commune du canton de Boën (Loire).
Golnitz écrit : Saint-Yve, parce que, sans doute, cette localité lui fut dé-
nommée en patois. C'est ainsi que la ville de Saint-Etienne est encore
appelée Saniiève dans le langage vulgaire de la population des environs.
— On voit par l'itinéraire de notre voyageur que l'ancienne route s'é-
cartant, au midi, de la voie actuelle, passait à Sainte-Agathe et à St-
Etienne, ou plutôt au Mas, maison de poste dépendant de St-Etienne,
et située à 300 mètres de ce village ; de là, elle se dirigeait sur Jullieu,
dont le nom nous révèle une ancienne station romaine, puis à Goincet,
d'où elle gagnait Naconne.
   (5 ) Naconne, hameau de la commune actuelle de Clépé. Le pas-
sage de l'ancienne voie romaine à Naconne est confirmé par la décou-
verte d'une colonne milliaire, conservée actuellement au château de