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86               UNE INSCRIPTION ROMAINE

   « (Statue élevée) en public par décret des décurions.
   « A Sextus Vagirius Martianus, fils de Sextus (Vagirius) ;
« de la tribu Galeria, questeur, édile, duumvir (de la co-
« lonie de Lyon), patron de toutes les corporations (de
« Lyon), curateur suprême des citoyens romains de la pro-
« vince d'Aquitaine, préfet des ouvriers à Rome, tribun des
« soldats de la légion XX Valeria Victrix, le sanctissime Con-
« seil des décurions ayant décrété, en reconnaissance de sa
« méritoire sollicitude pour sa cité et de son insigne
« désintéressement, l'érection d'une statue aux frais du
« trésor public, Sextus Vagirius Gratus, son frère, a, de ses
« propres deniers, remise faite de la dépense (au Trésor),
« érigé cette statue ».
   Si l'on ne savait déjà par quelques autres inscriptions
que la tribu Galeria était celle des Lyonnais, on l'appren-
drait de celle-ci, qui nous montre inscrit dans cette tribu
un personnage ayant successivement rempli à Lyon les
fonctions de questeur, d'édile et de duumvir, c'est-à-dire
les trois degrés réguliers de la hiérarchie des magistratures
de la curie lyonnaise.
   Les inscriptions de Lyon qui rappellent des fonctions
municipales sont très rares et même font entièrement dé-
faut pour la période antérieure aux Antonins ou au moins à
Marc-Aurèle. Cette extrême rareté, d'une part, cette absence
absolue, d'autre part, dans une ville où se découvrent chaque
jour des inscriptions de toute nature, constituent un fait
fort extraordinaire, certainement non imputable au hasard
et qui ne peut guère s'expliquer que par la supposition,
justifiée par quelques indices d'une situation du même genre
relatifs à une autre grande ville, celle de Mediolanium, Milan,
administrée à l'époque romaine, non par ses propres ma-
gistrats, mais par l'Etat directement (Mommsen, C. /. L.,
5, p. 634, et Hirschfeld, Lyon in der Rômerzeit).