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182                       LE THEATRE A LYOX

je lui offris, de ma maison, tous les secours et tous les adoucissements
qui pouvoient lui être agréables ; mais j'insistai sur l'impossibilité de
changer le Mariage d'Antonio. Alors, furieuse et oubliant toutte honnê-
 teté, elle me dit de sortir de sa loge ; j'en suis sorti. »
    « Je ne demande pas, Monsieur, qu'elle soit punie de cette inso-
lence ; il n'est pas dans mes principes de faire punir une femme pour une
offense personnelle ; je rougirais devant le public que cela pût arriver...
Mais, si mademoiselle Sainte-Marie refuse de jouer Antonio, je la dé-
nonce pour que l'authorité la ramène à ses devoirs. »
    « Cependant, Monsieur, l'affront que j'ai reçu de cette demoiselle
m'a rappelé ce que je dois au titre de directeur, à mon caractère parti-
culier et à ma dignité de galant homme, que rien n'a flétri jusqu'à ce mo-
 ment (l). »
     u Depuis que je suis chargé de la direction des spectacles, aucune
 attention, aucuns égards ne m'ont coûté pour maintenir un certain
 équilibre dans touts les caractères qui le composent. Au milieu d'un
 nombre infini d'accidents, de contrariétés, rien ne m'a rebuté. J'ai
 toujours sacrifié avec plaisir ma tranquillité pour assurer celle des au-
 tres. Mais, cette- marche, je le sens, n'est pas celle que je dévots tenir ; être
 mis par une pensionnaire hors d'une loge est un avertissement tien cruel. »
     « Je me propose donc, Monsieur, et ma santé m'en fait une loi, de
  charger le régisseur de tout ce qui concerne l'intérieur du Théâtre, lui
 faisant connaître ce qu'il devra demander à chacun suivant ses engage-
 ments (2). Ce sera mon devoir, Monsieur, de vous informer des infrac-
 tions, et, malheureusement, j'aurai peut-être trop souvent lieu de vous
 importuner. »
     « Un mal de gorge violent, causé par des fatigues si excessives, de-
 puis huit jours, que je n'ay pu trouver un seul instant pour me recom-
 mander à vos bontés, causé encor par une insomnie continuelle, me
 force aujourd'huy à garder la chambre ; et je n'ay pu, autrement que
 par écrii, avoir l'honneur de vous informer de l'état critique où se
  trouve le spectacle, dans lequel votre haute prudence, Monsieur, peut
 seule ramener l'ordre convenable. »
   « J'ai l'honneur d'être, etc.                        « D'HERBOIS. »



   (1) Est-ce bien sûr ? Voilà une affirmation qui est contredite par
Mme Rolland dans le passage cité plus haut. Malgré les rancunes per-
sonnelles que cette femme illustre avait gardées contre le compétiteur
de son mari, il serait étrange qu'elle eût inventé la condamnation dont
elle parle.
   (2) Collot-d'Herbois rédigea en ce sens deux projets d'ordonnances,
dont la substance sera mentionnée plus loin.