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4 LES PEINTURES L'occasion de voir les fresques de Saint-Bonnet s'étant présentée à nous, dès la première inspection nous acquîmes la certitude que nous avions là un monument du plus haut intérêt. Mais pour en apprécier toute la valeur, il fallait d'abord procéder à un nettoyage sommaire, de façon à débarrasser autant que possible les peintures de l'épaisse couche de crasse et de moisissure qui, tout en les dérobant à la vue des visiteurs, contribuait à hâter leur ruine. Encouragé par la bienveillance des autorités religieuses et municipales, nous n'hésitâmes pas à nous mettre à l'œu- vre, et après de légers lavages, soigneusement exécutés, nous ne tardâmes pas à voir se réaliser nos prévisions, et grande fut notre joie en découvrant à chaque coup d'épongé, là une tête modelée avec tout le précieux de Léonard et dessinée avec le sentiment mystique du Pérugin, ici un ca- valier ou un détail d'architecture du plus beau caractère. C'est ainsi qu'un panneau de trois mètres de long sur deux mètres quatre-vingt-dix de haut représentant le calvaire, et composé de près de cinquante figures, a retrouvé toute sa fraîcheur première. La paroi, vis-à -vis, laisse voir également une Annonciation, maintenant entièrement dépouillée de toute maculature. Mais, indépendamment des peintures qui laissaient entre- voir leur existence sous la couche préservatrice que le temps y avait déposée, un épais badigeon, oeuvre du xvm' siècle, couvrait plusieurs parois, notamment celle qui se trouve au fond de l'abside, derrière l'autel, les ébrasements des fenêtres, etc. Soupçonnant quelque trésor caché sous cette croûte de plâtre, nous attaquâmes avec précaution, écaille par écaille, cet enduit parasite, et grâce à une mé- diocre adhérence, nous ne tardâmes pas à découvrir des traces de dorure sur un bas de robe, et bientôt fut mise au jour une belle et intacte composition représentant l'appa-