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NOTICE SUR HUGUES BERTHIN 47 ils de larmes ? Était-ce un pressentiment ? Quelques jours après, j'apprenais que l'ambulance avait rencontré, près de Montargis, le bataillon des mobiles de Vienne. La bataille se livrait et l'on ramassait sur le lieu du combat mon meil- leur ami... En attendant, Eolde ne donne pas de ses nou- velles et on le dit malade. Tristes jours ! » Les mobilisés furent appelés sous les drapeaux et encom- brèrent Grenoble et les environs. Hugues vit bien vire qu'il n'y avait rien à faire avec eux. Il s'engagea dans un corps d'éclaireurs à cheval, mieux commandé que les bandes de vieux garçons, et rejoignit avec sa troupe l'armée de Dijon. Ces braves gens n'eurent pas de chance ; ils durent former l'escorte du général Marion. Inutile d'en dire davantage. Enfin, au mois de février 1871, les deux frères purent s'embrasser : Hugues, de retour de l'armée de Garibaldi ; Eolde, de la Suisse où il avait été interné. Ils passèrent soit à Beaurepaire, soit à Grenoble, la triste période qui succéda à la guerre. L'esprit sage et élevé de Hugues, séduit un instant par les brillants dehors des idées dites libérales, ne put rester calme à la vue du débordement des appétits démagogiques ; il se rangea résolument dans le camp conservateur, com- battant en nombre d'occasions. Il fut à cette époque nommé conseiller municipal à Beaurepaire, mais se fit battre plus tard aux élections du Conseil général. Ses yeux éprouvaient le besoin de se reposer sur des aspects plus riants et plus calmes. Sollicités par un vieil ami, les deux frères résolurent de partir pour l'Afrique et s'embarquèrent au commencement de 1872. Le voyage dura trois mois. Ils visitèrent en détail Alger et ses environs, Tlemcen, Oran, etc., poussèrent jusqu'à Tanger et passèrent en Espagne, séjournant dans les prin-