Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
             LE THEATRE A LYON AU XVIIIe SIECLE                      173

myrte et de roses, accompagnée de ces vers de Patrat,
acteur du théâtre de Lyon et auteur du Fou raisonnable :

       « Toi qui fais prendre à l'art les traits de la nature,
            Qui, par une heureuse imposture,
       Caches toujours l'actrice, et montres tour à tour,
            Avec une aimable franchise,
            Ou Babet, ou Rose, ou Louise !
       Sous des traits enchanteurs, embellis par l'Amour,
            Tu nous séduis, tu nous maîtrises ;
            Tu fais de nous ce que tu veux.
       Tu peins l'Amour ? nous ressentons ses flammes ;
            Le plaisir brille dans tes yeux ?
            Il passe aussitôt dans nos âmes ;
            A la terreur on te voit succomber ?
            Chacun partage tes alarmes ;
            Et, lorsque tu verses des larmes,
       C'est au fond de nos cœurs qu'elles viennent tomber!
       Nous avons cru devoir, en t'offrant nos hommages,
       Mêler à ces lauriers des myrthes et des fleurs :
       La gloire, en te comblant de toutes ses faveurs,
       Ne saurait à l'amour ôter ses avantages ;
       Et lorsque tes talents gagnent tous les suffrages,
            Tes charmes gagnent tous les cœurs. »


   L'actrice voulait s'opposer à la lecture de ces vers ; mais
le public les demanda à grands cris, et ils furent lus au
milieu des applaudissements de toute la salle. Cet incident
détermina le prévôt des marchands (i)à publier une ordon-
nance, datée du 12 mai 1785, sur la police des spectacles,
dont voici la teneur :

   « L'abus qu'on parait vouloir renouveler, — disait-il,— en jetant sur
le théâtre des couronnes et des bouquets avec des vers à la louange des
acteurs ou actrices, ne saurait être toléré. Cette manière de leur témoi-



  (1) Tolozan de Montfort, qui succéda, en 1784, à Antoine Fay de
Sathonav.