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346 LE THEATRE A LYON feuilleton dramatique, des théâtres de province, et spécia- lement de ceux de Lyon, l'impressionnable critique éprouva le besoin de stygmatiser l'odieuse conduite de son ancien ami : « On pense bien, — dit-il, — que les arts, amis de la paix, de la justice et de la tranquillité, que l'art dramatique surtout y a souffert dans la même proportion. D'abord, les deux théâtres des Terreaux et des Célestins ont offert à la vengeance du feu citoyen Collot-d'Herbois de nombreuses victimes. Cet homme féroce, ancien régisseur et acteur du premier de ces théâtres, s'est vengé sur les Lyonnais des nombreuses huées qu'il en avait reçu, et sur la plupart de ses camarades, du juste mépris qu'ils avaient pour son insolence et pour ses vices (i). » . La contradiction était flagrante. Mais Collot-d'Herbois était mort à la Guyane en 1796; la boutade fit son chemin, personne ne la releva avant l'abbé Guillon, qui fut peu lu, et l'erreur fut acceptée, sans examen, comme tant d'autres mensonges historiques. On a vu défiler jusqu'ici sur le Théâtre de Lyon tous les noms qui ont illustré l'art dramatique français au xvme siè- cle, depuis Clairon et Le Kain, Noverre et Camargo, Caillot et Brizard, Bellecour, François Auge, jusqu'à la Saint- Huberti, Vestris et Dugazon. Le lecteur a remarqué combien d'artistes appartiennent à notre ville, par leur naissance, comme Marie Antier, Françoise Journet, Dorothée Luzy, Henri Larrivée, De- (1) Le Censeur dramatique, t. 1, p. 338-339, 30 vendémiaire an vi (1797). Ce recueil, publié de 1797 à 1798, a été réuni en 4 vol. in-4° de 600 pages chacun, par le libraire Desenne. — Grimod a fait paraître plus tard l'Alambic littéraire, 2 volumes, et VAlmanach des gourmands (1803-1811.)