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                        AU XVIIe SIÈCLE                     327



                               III

   On redoutait beaucoup la mort au xvne siècle. Je ne
crois pas qu'on l'ait jamais envisagée bien gaîment, mais
les époques où elle a inspiré le plus d'effroi sont celles où
la foi chrétienne a été la plus vive, et le xviie siècle était de
ce nombre. Certes, le testament d'un de ces Grecs au temps
de Socrate, qui considéraient la mort comme une pièce si
naturelle et si simple de l'ordre des choses, n'eût guère
ressemblé à celui que je vais citer. Je ne sais si une critique
rigoureuse peut considérer comme authentiques les textes
des testaments d'Aristote, de Platon, de Théophraste et
d'Epicure, que nous a transmis Diogène Laerce; il est cer-
tain cependant qu'ils ne peuvent exprimer que les senti-
ments communs à l'époque. Or il est impossible d'y dis-
tinguer la moindre trace de cette terreur que parait ressentir
Mornieu en disposant les choses en vue de sa mort. Les
volontés exprimées dans les testaments cités par Diogène
Laerce, relativement à l'accomplissement de formalités ou
de vœux religieux n'ont nullement pour but de détourner
la colère des dieux. Ils se rattachent simplement à la con-
servation du souvenir de ceux que les testateurs ont
aimés :
   « Quant aux choses que j'ai confiées à Hipparque, dit
Théophraste, voici ce que je veux qu'on en fasse : On
achèvera le temple que j'ai consacré aux muses et les statues
des déesses, et l'on fera ce qui se pourra pour les embellir ;
ensuite on placera dans l'enceinte consacrée l'image d'A-
ristote et les autres emblèmes qui y étaient auparavant ;
on construira dans le voisinage du temple un portique aussi
beau que celui qui y a été autrefois ; on décorera le porti-