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                                    LE

      THÉÂTRE A LYON
               PENDANT LE XVII? SIÈCLE
                                  (Suite)



   Malgré les embarras financiers de la direction, la troupe
était bien composée, et les chroniqueurs se plaisaient à le
reconnaître, avec la pointe d'ironie qu'ils mêlaient à leur
critique. Qu'on en juge par les termes dans lesquels s'ex-
primait l'auteur de la Petite chronique :
   « 27 juin 1781. — La petite pièce de la Soirée Villageoise a été assez
bien rendue. La neige n'étoit point mal, surtout sur les arbres ; pour
celle qui tomboit, il arrivoit souvent qu'il n'en tomboit que d'un côté ;
il y avoit jusqu'à la perruque de Saint-Fal (1), qui faisoit le bailly, qui
en étoit couverte. C'étoit la petite Frédéric, quijouoit à ravir le rôle de
Babet ; Saint-Aubin, l'amoureux; la Rosambert, la mère ; le gros Mussi,
le père. On donnoit avec le Barbier de Sèviïïe, qui fut joué indigne-
ment par le fameux Beaumesnil, qui jouoit le comte, on le hua et siffla.
M11" Solier, autrement Mrae Hus la jeune, prend assez bien, elle, les
rôles d'amoureuses coquettes. »
   « 12 juillet.—Lafemme de Darboville a débuté; c'est une personne
assez jolie ; elle est au-dessus des Clairville, des Bouquet et des Frédéric
pour le jeu et la voix. Ainsi Vopéra comique est monté supérieurement. —
Le Gros (2) est enfin arrivé et a donné déjà deux représentations d'Or-


   (1) Etienne Ménier, dit Saint-Fal, né à Paris le 10 juin 1752, fut
élève de Préville et entra à la Comédie-Française.
   (2) Legros (Joseph), célèbre chanteur de l'Opéra (haute-contre),
1739-1793.