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288 L'EXPOSITION DE 1879 sant glisser, grâce aux branches plus que flexibles d'un ar- bre qui surplombe le vide, afin d'en opérer, d'un pied pru- dent et hardi tout à la fois, la périlleuse descente, et mettre ainsi un abîme entre ses ennemis et lui. C'est un bon tableau, d'un coloris sobre et d'un effet émouvant. Presque au-dessous, l'Enfant blessé, de M. Simon Du- rand, va, lui, aussi, nous retenir pendant quelques minu- tes. M. Simon Durand, dont nous connaissons déjà des Saltitnbetnquesreraa.tc[uables,nQus en montre encore un cette année. Il est seul et exerce son métier en plein vent, sur le pavé même de la rue, pavé sur lequel, en manquant pro- bablement l'équilibre, son enfant, un garçon de douze à treize ans, assez frêle et bien que dressé dès le berceau, a fait une chute et s'est grièvement blessé h la tête. Le mo- ment choisi par l'artiste est celui où le père sort de chez un pharmacien, devant lequel la foule s'est tout naturelle- ment attroupée. Il fait peine, cet homme, qui porte son fils dans ses bras et ne voit que ce fils ; il fait peine, tant il y a de douleur vraie, de douleur poignante sur son visage. Pas- sez près de lui en disant seulement : « Pauvre homme ! » et il éclatera en sanglots. Tous les personnages qui l'entou- rent sont bien en scène, les physionomies sont expressives et les types sont étudiés. Notons surtout ceux de l'écolier flâneur dont h curiosité indiscrète peint bien le caractère égoïste et railleur, du petit marchand de journaux insou- ciant et blasé, et de l'apprenti, un bon petit ouvrier, celui- là , qui ramasse le bonnet du blessé et le tend au père avec un regard ému. Cette toile, un peu uniforme de ton peut- être, est une des meilleures du Salon. Il n'en est pas de même, et nous le regrettons, car le ta- lent du peintre nous est assez sympathique, du tout petit tableau de M. Compte-Calix, une Jeune artiste, lequel est loin de valoir son Jour des Morts, de Tannée dernière. Ce