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PIERRE ET JEANNETTE 445 larmes et en me montrant le lit où est couchée leur fille, accablée par la fièvre. «—Depuis une lettre qu'elle a reçue de Pierre, il y a un mois, ajoutent-ils, elle est tombée comme anéantie ; une maladie s'est emparée d'elle, et nous sommes plongés dans la plus grande inquiétude, dans la plus amère douleur. Nous ne savons pas lire, mais nous avons compris, par des mots entrecoupés, qu'elle avait été soupçonnée par Pierre d'être coupable de nous ne savons quelle faute. » D'autres lettres, de Pierre encore sans doute, sont arri- vées ; les voilà ; mais que pouvons-nous en faire ? La pau- vre enfant est incapable d'en prendre connaissance. Elles sont peut-être aussi affligeantes que la première. Mon Dieu! quel malheur nous poursuit ! » « — Mes amis, leur dis-je, prenez courage. Je viens ici pour vous apporter de bonnes nouvelles. D'abord, tranquil- lisez-vous sur le sort de Pierre : un instant d'égarement, une sorte de vertige, Va porté à écrire cette lettre fatale ; mais, dans les autres, que je connais, car il me les a montrées, il implore son pardon; il exprime les plus tendres senti- ments. Tout va donc bien de ce côté. Il s'agit maintenant de faire comprendre cela à Jeannette, avec ménagement. N'y a-t-il eu chez elle aucun retour à son dérangement d'es- prit? » « — Non, Monsieur, heureusement. Nous en avions bien peur. » « — Avez-vous un bon médecin ? » « — Ah ! Monsieur, un homme aussi excellent que savant; il va venir tout-à -1'heure, vous jugerez vous-même de tout ce qu'il vaut. » Je m'étais assis auprès du lit de Jeannette ; je suivais avec anxiété sa respiration haletante ; ses yeux à demi-fermés étaient tournés du côté opposé à la place que j'occupais ;