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 PIERRE ET JEANNETTE
                              ou

             L'ÉCOLE       DES        PAYSANS
                            (Suite)




   La réponse pouvait revenir le surlendemain ; le courrier
n'apporta rien. Une seconde lettre est envoyée ; il n'y fut
pas répondu davantage. C'était inquiétant. Je résolus alors
de faire le voyage de la Chapelle. Quoique j'eusse passé
à Lyon plus de temps que mes intérêts et l'attente de ma
femme ne l'eussent voulu, je décidai que je serais encore
deux jours hors de chez moi, pour essayer de faire tout ce
qu'il était possible en faveur de deux jeunes gens qui m'in-
téressaient si vivement.
  J'avais à parcourir à pied une partie du trajet. Ce ha-
meau était perdu, comme je l'ai dit, dans de hautes monta-
gnes. Des bois, des rochers escarpés, des ravins et des tor-
rents me forçaient à suivre des chemins en zigzag.
  J'arrivai enfin dans un petit vallon très-frais et très-vert
où s'abritait le lieu que je cherchais; les maisons en étaient
toutes très-simples et assez pauvres; mais l'une se distin-
guait par un abord plus propre, par des croisées plus trans-
parentes, un jardin mieux cultivé : c'était celle d'André.
   J'y pénètre avec une certaine anxiété. Le père et la mère
me reçoivent, mais avec quelle tristesse et quel abattement !
Je leur demande où est Jeannette ; ils me répondent par des