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38e                L'EXPOSITION DE     1879

l'Ecole paysagiste moderne qui défile devant nous, et de
son examen il résulte pour nous que le refusé d'avant-hier,
le novateur réaliste d'hier est le classique d'aujourd'hui. La
liberté règne et chaque artiste choisit son coin, s'y can-
tonne et y peint suivant son inspiration ou tout simplement
suivant sa fantaisie. Un groupe d'arbres, une mare, un
sentier, un tournant de rivière suffisent pour exercer le
talent du peintre qui fait revivre sur la toile, avec plus ou
moins de succès, ce qui l'a charmé. On ne doit donc pas
s'étonner de ne plus rencontrer que rarement des paysages
représentant de grands horizons et donnant la silhouette
colorée d'une contrée plus ou moins connue, mais on peut
le regretter et, tout en étant loin de blâmer les tendances
présentes, tendances qui, du reste, prouvent un amour
profond de la nature, souhaiter que les paysagistes revien-
nent un peu aux traditions de l'Ecole, et que, agrandissant
leur cadre, ils se laissent, de temps à autre, aller à faire
passer devant nos yeux l'image de régions dont le pitto-
resque grandiose semble les effrayer.
   En attendant, les artistes voyagent peu ; à part les explo-
rateurs qui vont visiter l'Orient et les contrées Berbères,
bien peu font maintenant ce voyage d'Italie réputé indis-
pensable il y a quarante ans. On peint, comme nous venons
de le dire, ce que l'on a devant soi; on ne sort pas de
France parce qu'on trouve, avec raison, que son pays en
vaut bien un autre et que, sans perdre en quelque sorte de
vue le dôme du Panthéon ou les clochers de Saint-Nizier,
on peut arriver à la réputation et même à la gloire.
   C'est ainsi que Toudouze nous a peint sa Plage d'Yport
et Appian ses Environs d'Argrfis, qu'Allemand fils nous a
promenés dans les Rochers de Crémieu et Beauverie sur les
Bords de l'Oise. C'est ainsi que M. Defaux dont nous avons
déjà cité le Braconnier, a une Fêle à Créleil sur la Marne et le