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378 ALBERT ALBRIER graves occupations ne l'empêchèrent pas de se livrer à la culture des belles-lettres, à laquelle il s'adonna plus parti- culièrement pendant la durée des études classiques de son fils, dont il n'abandonna jamais entièrement la direction sous ce rapport. On verra dans la suite que le fruit de ces bonnes leçons ne fut pas perdu ! Le jeune Albert, après avoir commencé son éducation au collège d'Arnay, en couronna dignement l'œuvre au lycée de Dijon, qu'il quitta en 1865.— Il avait alors dix-neuf ans ! Qu'allait-il faire? — Ses goûts l'éloignaient des affai- res ; une santé délicate lui interdisait les luttes du barreau. Il lui fallait un champ plus vaste pour alimenter la prodi- gieuse activité de son esprit et assouvir sa soif de l'inconnu. La science pouvait donc seule le captiver. Au moment où l'heureux jeune homme hésitait sur le choix qu'il avait à faire, une véritable révolution venait de s'accomplir dans les études historiques. Rompant avec les errements funestes de la première moitié du siècle, où Paris avait tout accaparé, tout absorbé, tout annihilé, il se faisait une réaction salutaire en faveur de la décentralisa- tion. On voyait renaître de toutes parts l'activité de la vie provinciale si chère à nos ancêtres; la poussière des ar- chives était secouée, les monuments interrogés,le sol fouillé et les vieilles chroniques étudiées. Pour cette œuvre émi- nemment patriotique et dont les résultats ne devaient pas tarder à dépasser toutes les espérances, les travailleurs ne firent pas défaut. Ils se levèrent en foule et apportèrent leur pierre ou leur grain de sable au monument grandiose, qui, une fois achevé, fournira les matériaux définitifs d'une véritable histoire nationale. En Bourgogne, comme partout ailleurs,, malgré les grands travaux qui attestent, si bien la puissance du mouvement littéraire et scientifique de cette province aux xvne et xvine