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372 PIERRE ET JEANNETTE n'ai pas cru à votre délicatesse. Quelle infamie de ma part ! « Mais je vols que vous me pardonnez. Merci, ô mon vénéré bienfaiteur ! » Je lui offris, en effet, mon pardon, je le relevai avec une émotion amicale, et le serrai dans mes bras. Il me jura de nouveau une inaltérable affection, en me demandant encore cent fois de lui pardonner. « —Mais Jeannette, ajoutai-je, a-t elle appris l'odieux soupçon dont elle a été l'objet? » « — Malheureux que je suis ! reprit-il, je lui ai fait la cruelle injure de lui reprocher ce dont je croyais être sûr. Je l'ai frappée au cœur; je l'ai tuée peut-être. Mon Dieu! que je suis criminel! O mon bon maître, aidez-moi dans cette terrible épreuve. Que faut-il faire? Il m'avoua qu'il avait écrit à Jeannette, dès son retour à Lyon, la plus désolante et la plus cruelle lettre ; il m'en montra la copie qu'il avait conservée. Voici ce qu'il lui disait : « Jeannette, « J'ai appris toute la vérité sur votre infâme conduite; vos paroles et vos actions ne sont que mensonge et perfidie. Tout est brisé à jamais entre nous. Vous êtes la plus cou- pable des femmes, et moi le plus malheureux des hommes. PIERRE. » Que s'était-il passé dans l'infortunée famille André après la réception de cette étrange missive ? Evidemment la sur- prise et la douleur devaient y avoir fait d'affreux ravages. Je tremblais qu'un tel événement n'eût eu les plus funestes influences sur les dispositions mentales de la jeune fille. Pierre voulait aller immédiatement à la Chapelle, pour