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ou L'ÉCOLE DES PAYSANS 373 implorer son pardon, pour prodiguer ses consolations et sa tendresse, ramener le calme dans une âme si injustement troublée ; mais je l'en empêchai en lui objectant ses devoirs de militaire et surtout l'effet peut-être fatal que produirait son arrivée, si elle n'était pas préparée. « —Ecris donc de nouveau à Jeannette, lui dis-je, et j'at- tendrai que tu aies reçu sa réponse; s'il le faut, j'irai moi- même à la Chapelle, et je ferai tout ce que mon amitié me suggérera pour ramener la paix dans une pauvre mai- son que l'inspiration la plus malheureuse a dû bouleverser de fond en comble. » Il écrivit, en effet, dès qu'il fut rentré à sa caserne ; sa lettre était simple et exprimait convenablement la douleur et le repentir qui remplissaient son âme. « Ma Jeannette, lui disait-il, il y a dans la vie des « moments de vertige et d'égarement. J'en ai éprouvé un « quand je t'ai envoyé cette lettre insensée où je mècon- « naissais ta vertu et ton cœur. Je ne puis m'expliquer ces « paroles criminelles que je t'ai adressées, qu'en recon- « naissant que j'ai été plongé dans une déplorable folie. Je « viens t'en demander pardon à genoux, avec larmes et « repentir. Dis-moi que tu as brûlé ce papier affreux, que « tu ne veux pas t'en souvenir, que tu aimes toujours ton « Pierre et que tu lui permets d'aller se jeter à tes pieds « pour te demander sa grâce et ton amour. Hâte-toi de me « répondre, ô mon amie, je meurs d'impatience de savoir « si tu me pardonnes. » (A suivre). EUGÈNE CORTAMBERT.