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308 VARIÉTÉS station n'était qu'à trois heures de là . — Tout mon bagage fut entassé dans le coffre et nous partîmes ; il neigeait, le vent chassait les flocons contre les carreaux des lucarnes, les harnais étaient tout blancs, nous étions enveloppés soi- gneusement, j'avais les yeux humides. — Grand-père fumait sa pipe sans mot dire, le vieillard n'était pas content et Coco semblait trotter plus lentement à dessein — on arriva pourtant. La locomotive grognait fumante; —j'em- brassai indistinctement Coco et le vieux domestique, je jetai un dernier regard troublé sur la pauvre vieille toute blanche de neige et grand-père me conduisit dans la salle d'attente. Mais s'il y a dans la vie des jours de peine et d'ennui, il est aussi des jours de fête. — C'était elle, en revanche, et comme pour racheter sa faute, qui venait me chercher au collège au moment des vacances. — Oh! que je lui faisais bon accueil, comme nous nous aimions ce jour-là . Aussi pendant ces deux mois, où l'on ouvre la cage à tous ces petits oiseaux des pensions, je ne la quittais pas, nous étions toujours ensemble, je la promenais, au soleil, à la pluie, au froid, au chaud, sur des grandes routes, dans de petits sen- tiers, et elle, toujours souriante, se prêtait à mes moindres caprices et à mes folles fantaisies. Coco secondait notre amitié d'une manière merveilleuse. Vieillard du plus aimable caractère, il menait doucement et avec tout plein de précautions cette vieille amie;—il avait pour elle des soins touchants; toujours calme, doux, il lui évitait les cahos et, elle, toujours coquette, pour remercier Coco, semblait se faire plus légère. Nous allions ainsi partout, prenant le chemin de l'école buissonnière, le chemin où l'on va toujours devant soi sans savoir où, tantôt sur le sommet des coteaux, où elle se dressait fièrement, tantôt dans la plaine. Il fallait voir comme elle allait pimpante sur la grande route, défiant tou-