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                  ou L'ÉCOLE DES PAYSANS                   203




                             VII

   La constance, l'affection inébranlable de nos fiancés
n'étaient pour moi l'objet d'aucun doute. Déjà, depuis une
année, pendant laquelle le régiment de Pierre avait séjourné
successivement dans toutes les villes principales du Dau-
phiné et de la Provence, une correspondance régulière
s'était échangée entre ces fidèles amis, et j'étais sûr qu'elle
continuerait durant les six autres années d'épreuve qui
devaient s'écouler encore. Non-seulement ces deux aima-
bles enfants s'entretenaient du sujet inépuisable de leur
tendresse, mais Pierre cherchait à intéresser et à instruire
sa chère correspondante, par la description des lieux qu'il
parcourait ; voyant tout avec fruit, il lui faisait part de ses
impressions. — Jeannette, qui avait l'esprit déjà cultivé par
de bonnes lectures, profitait beaucoup de ses explications
instructives, et tenait, à son tour, Pierre au courant de ce
qui se passait dans le hameau.
   Leurs lettres, pendant les voyages militaires de Pierre,
forment une espèce de petit volume, dont j'ai précisément
la copie dans ma poche, copie où je n'ai.pas reproduit toutes
les expressions de tendres sentiments qui se renouvelaient
sans cesse, qui ne les fatiguaient jamais, sans" doute, mais
qui pourraient fatiguer le lecteur; je vous remets ces lettres,
que vous lirez si vous avez le temps et si vous portez quel-
que intérêt au souvenir des plus honnêtes coeurs que je
connaisse. Je ne veux pas interrompre ici ma narration,
et j'arrive tout de suite à des événements assez émouvants
qui se sont précipités dans l'histoire de mes jeunes amis.
   Il se tramait contre eux, dans l'ombre, de ces machina-
tions dont ne sont pas exempts les êtres les plus inoffen-