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PIERRE ET JEANNETTE I95 « soins, à ceux des braves gens chez qui elle était, et sur- et tout d'un habile médecin de l'endroit; que, grâce à ses « secours, elle était enfin sortie d'une maladie dangereuse, « qui enlève souvent presque toute mémoire ; et que, « guérie tout-à -fait, elle pourrait, si le docteur l'antorisait, « reprendre le chemin de la France et de Beauregard. « je joins ici la lettre que monsieur le docteur, diree- « teur de l'établissement de Gheel, vous écrit, pour annon- « cer, en effet, la guèrison de Jeannette et pour permettre « de l'emmener. Vous jugez de mon bonheur ! « Maintenant, le père André et vous, Monsieur, me « donnez-vous la permission de ramener ma chère fiancée ? « Va-t-on trouver cela étrange au village ? La calomnie « va-t-elle atteindre la réputation de la pauvre enfant, à « cause de ce long voyage fait avec un jeune homme ?Ah! « je suis sûr de toute la fermeté de ma conduite, de tout « le respect qui accompagnera le dévouement de mon « cœur plein d'une si honnête tendresse pour cet êtresi pur. « Mais les hommes sont méchants, ils aiment à mordre : « qu'en pensez-vous donc, vous, mon sage maître, et les « parents de Jeannette ? Qu'en pense aussi M. le curé du « village, qui est un homme d'un si bon conseil ? Je me » soumettrai à vos décisions. « En attendant, je suis plongé dans la plus douce joie « qu'on puisse imaginer. C'est comme un ciel pur et serein « après un violent orage. La tempête est passée; la tran- « quillité est revenue en moi ; elle inonde mon cœur, et « j'en remercie avec effusion Dieu, vous et ces personnes « excellentes qui nous entourent ici. « J'attends avec impatience votre réponse, mon bon « maître, et je vous embrasse comme le fils le plus recon- « naissant et le plus affectueux. « PIERRE. »