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I40 ' ARCHÉOLOGIE qu'exceptionnellement. Les étoffes quelles qu'elles soient, même les plus précieuses, celles destinées aux monarques, aux princes, aux dignitaires de l'Eglise, montrent l'applica- tion uniforme de ce système de dorure. Contentons-nous de citer pour exemple les vêtements du sacre des empe- reurs du saint Empire Romain, conservés à Vienne et fa- briqués à Païenne, dans des ateliers célèbres, in felici urbe Panormi. Les broderies d'or qui bordent la dalmatique de soie rouge datée de l'an 528 de l'Hégire (1133 de J.-C.) sont exécutées en fil papyrifère et non en fil métallique. La magnifique chape dite de Saint-Rambert, conservée dans l'église de Saint-Rambert-sur-Loire, à quelques lieues de Lyon, brochée d'ornements, de lions et de colombes af- frontés, est dans le même cas. Une étoffe de chasuble en soie verte appartenant au Musée d'art et d'industrie, pré- cieux monument de l'industrie arabe du douzième siècle, vient encore témoigner d'une manière irrécusable à l'appui de notre dire. Elle est historiée alternativement de girafes et d'aigles affrontés dont les extrémités sont relevées par la dorure papyrifère pedibus et capitibus auras, suivant l'ex- pression des anciens écrivains. Par la perfection du des- sin, la finesse des contours, la beauté de l'exécution, cet holosericum indiquerait, selon nous, une époque de fabrica- tion plus ancienne : On serait tenté d'y voir un de ces types primitifs d'origine orientale pure, persan ou arabe, qui servaient de modèle aux tisseurs occidentaux et qu'ils reproduisaient indéfiniment sur leurs métiers. Beaucoup d'autres étoffes contemporaines non moins curieuses ou importantes, qui existent dans les trésors des églises de France, au musée de Cluny (1) et dans plusieurs musées (1) Voir les vêtements d'un évêque du XIIe siècle découverts dans un tombeau à Bayonne.