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OU L'ECOLE DES PAYSANS 131 cuisine en cas de besoin. Il ne demandait pas de gages pour tout cela, pourvu qu'il fût logé et nourri, et qu'on lui permît d'aller voir souvent la pauvre malade. Du reste, il fut convenu entre le maître d'hôtel et moi que, si l'on était content du travail de Pierre, on lui donnerait vingt- cinq francs par mois, après quinze jours d'essai. J'étais bien sûr qu'il obtiendrait sans peine ce prix par son intel- ligence et par son exactitude à remplir ses devoirs. Notre séparation eut lieu. Nous pleurions tous, excepté Jeannette, qui continuait à ne pas nous reconnaître. Nous la laissions cependant en. un état meilleur qu'à son arrivée à Gheel. Pierre allait la surveiller. Il était dans une situa- tion qui nous tranquillisait tout-à -fait sur lui-même. Il devait nous écrire souvent. Nous nous éloignâmes donc, l'esprit en repos, autant que le permettaient les circons- tances douloureuses qui nous avaient amenés au fond de la Belgique. V Nous fîmes un tour en Belgique avant de rentrer en France. Nous recueillîmes, dans diverses postes-restantes, des lettres de notre ami Pierre, qui nous annonçait un peu d'amélioration dans l'état de Jeannette. André reprenait courage. J'étais heureux d'avoir distrait son chagrin par e petit voyage d'observations que je lui avais fait faire. Mon but n'était pas seulement de causer à mon com- pagnon, ainsi qu'à moi, un certain plaisir de curiosité ; : e désirais aussi, par les remarques qui ne manqueraient pas de frapper son esprit droit, lui inculquer de nouvelles et saines méthodes dans la direction des fermes, dans l'a-