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                  ou L'ÉCOLE DES PAYSANS                   127
   C'est là que, selon moi, on devrait conduire Jeannette.
C'était loin, il est vrai, c'était une séparation longue et
cruelle; mais, si la guérison était possible, il ne fallait pas
hésiter à faire l'essai de ce séjour.
   Les braves gens avaient la plus entière confiance en moi ;
ils acceptèrent avec empressement ma proposition de ten-
ter le moyen que j'indiquais.
   La fortune plus que modique du père André lui permet-
tait peu de sacrifier les quatre cents francs par an qui me
paraissaient nécessaires pour ne pas placer Jeannette dans la
plus humble classe des malades.
   J'offris de participer à la pension, Pierre voulut absolu-
ment y concourir aussi; le pauvre garçon aurait désiré faire
la dépense entière, mais il n'avait que cent francs d'écono-
mie, qui se trouvaient à la caisse d'épargne ; ils furent
bientôt retirés.


                             IV

   Le voyage fut décidé. Je voulus en faire partie ; car, de-
puis longtemps je méditais une excursion dans ce charmant
petit royaume, qui donne des leçons de liberté, d'industrie,
de sagesse. J'étais d'ailleurs fort désireux d'étudier sur les
lieux mêmes la colonie de Gheel, et de présider à l'instal-
lation de la malheureuse jeune fille.
   Il fut convenu, malgré la lutte que j'eus à soutenir con-
tre le père André, que je ferais tous les frais de voyage :
nous partîmes.
   C'était alors une véritable expédition ; il fallait quatre
jours et quatre nuits pour nous transporter à Bruxelles.
Nous eûmes à souffrir cruellement des divagations de la
pauvre enfant, que la fatigue du voyage, le changement de