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12,8 PIERRE ET JEANNETTE lieu, le mouvement 'et le bruit des voitures surexcitaient. Enfin nous arrivâmes dans la capitale de la Belgique. Après deux jours de repos, nous prîmes la route de la Campine. Des sables, des bruyères, un véritable désert, at- tristèrent notre vue pendant un assez long trajet, mais tout- à -coup, un paysage bocager vint surprendre agréablement nos regards; de petites maisons bien bâties, éparses à travers les champs et les jardins, montraient leurs jolis murs blancs. Nous nous dirigeâmes chez le directeur de la colonie, qui en est en même temps le médecin. Il nous reçut avec la plus aimable bienveillance. Après nous avoir question- nés sur l'origine du dérangement des facultés mentales de notre malade, sur la ,nature et les détails de "sa folie, sur le prix de pension qu'on avait l'intention de donner, il nous indiqua la maison où elle pourrait être admise comme pen- sionnaire. Cette maison bien modeste, mais très-propre et très-gaie, était habitée par un ménage composé de M. et Mme Van- dermaelen, braves demi-paysans, et de leurs deux enfants, une jeune fille de quinze ans et un garçon d'une douzaine d'années. Il y avait une petite chambre de disponible pour Jeannette. On l'y installa. Les rideaux blancs qui ornaient la fenêtre, la vue riante d'un jardin qui s'étendait devant la demeure, parurent produire une agréable impression sur notre pauvre amie. Le maître et la maîtresse de la maison avaient un air franc et bon qui attirait toutde suite la confiance. C'étaient des Flamands, à la figure ronde et réjouie. Leur jeune fille, à la chevelure blonde, aux yeux bleus très-doux, à la bou- che souriante, accueillait la nouvelle arrivée avec une ai- mable cordialité, lui serrait la main affectueusement. Le jeune garçon nous examinait avec une curiosité loyale et bienveillante, qui ne ressemblait en rien à cette curiosité