page suivante »
102 LE THEATRE A LYON venue « cueillir de nouveaux lauriers » à Lyon et avait obtenu un succès toujours croissant dans Alzire et les Orphelins de la Chine, dans Inès de Castro, Didon, Ariane, etc. Ces grandes comédiennes étaient « heureusement secondées par Chevalier et par Collot-d'Herbois, » qui avait abordé la tragédie et y avait « le plus grand succès. » Aussi, le compliment de clôture, prononcé par l'acteur Gervais, n'était-il pas déplacé cette fois, malgré la banalité de ses termes : « L'année que nous terminons — disait-il — doit tenir sans doute le premier rang parmi les époques heureuses de notre théâtre. Jamais circonstances si rares et si favorables ne se sont succédé avec autant de rapidité pour notre gloire ; jamais assemblée plus nombreuse et plus auguste n'avait fait l'ornement de ces lieux (i). » Le départ de l'intendant Jacques de Flesselles, au mois d'août suivant, mit la société lyonnaise au désespoir. On trouvait chez lui bonne table et grand monde ; en automne, on allait à Longchêne, où il donnait des fêtes et des repré- sentations dramatiques. Le château s'ouvrait à tous les artistes célèbres, les comédiens eux-mêmes y coudoyaient les grands seigneurs : le goût du plaisir avait détruit l'an- cienne étiquette, et certaine noblesse avait étourdiment compromis son blason. Terray, le nouvel intendant, qui venait de Limoges, « n'aimait pas la dépense, et sa femme, très-aimable, donnait dans la chimie (2). » La chimie, le magnétisme, le baquet de Mesmer : voilà (1) Joum. de Lyon, 1784, passim. (2) Pet. citron, loc. cit. 23 août 1784. —Au début de la Révolution, Jacques de Flesselles était prévôt des marchands à Paris. Il fut massa- cré par le peuple le jour de la prise de la Bastille.