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                              AU XVIIIe SIÈCLE                        101
    toutes parts, le comte de Haga, malgré son incognito,
    reçut des vers et des couplets ( i ) .
       Le même été, Lyon eut la visite du prince Henri, frère
    du roi de Prusse, « petit homme très-laid, mais, assurait-on,
    plein d'esprit, » qui voyageait aussi incognito, sous le nom
    de comte d'Oels, et qui arrivait de Genève. Il alla tous les
    soirs au spectacle, où il y avait beaucoup de monde ; il
    parut même à un bal masqué, et il s'en alla, comme le roi
    de Suède, accablé de vers (2).
       Préville jouait alors au Théâtre, ainsi que Mme VestrisQ),
    pensionnaire du roi, qui se faisait applaudir pour la pre-
«   mière fois à Lyon. Dans les rôles à'Atnênaïde, de Gabrielle
    de Vergy, de Rodogune, de Phèdre, cette actrice fit preuve
    d'un talent toujours décent et naturel : belle, pleine
    de dignité et de grâce, mais plutôt « faite pour plaire aux
    vrais connaisseurs que pour éblouir le vulgaire, elle char-
    mait plus qu'elle n'étonnait ; » ce qui n'empêcha pas les
    dilettanti, pour se conformer à une mode devenue fasti-
    dieuse, de lui prodiguer des vers et des bouquets, comme
    à un simple monarque.
       Quelques mois auparavant, MUc Sainval la cadette était


      (1) De Viran, sous le pseudonyme â'Anârieu, s'écriait dans le
    Journal de Lyon :
                « O vous que l'univers contemple,
                 « Prenez Gustave pour exemple,
             « Le bonheur des sujets fait la gloire des rois. »
       (2) Journal de Lyon, 1784. — Pet. chron., août 1784. (Rev. du Lyon,
    t. XX). — « Lyon, dit une correspondance du temps, commence à se
    lasser de la visite des souverains; rien de plus ennuyeux que la peine
    qu'on se donne pour les voir. »
       (3) Marie-Rose Gourgault-Dugazon, sœur de Dugazon et femme de
    Paco-Vestris (frère de Balthazar), élève de Lekain, 1746-1804. —
    Journ. de Lyon, 1784, passim.