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92 LE THÉÂTRE A LYON phèe. A la première tout fut pitoyable, et il arriva un accident qui fît beaucoup de bruit. Dans le ballet des Diables, que M. Désombrages ren- doit si bien, Hus le fils, en sortant de la caverne avec des torches et une plaque enflammée à l'esprit de vin sur Festomach, fit détacher cette plaque en gesticulant, et elle alla tomber dessus les spectateurs. » Pourtant, soit que les acteurs ne fussent pas payés, soit que certain ballet de la Rose et du Boulon eût choqué quel- ques personnes, qui avaient prié le commandant ( i ) d'in- terposer son autorité pour qu'il ne parût plus, il y avait au théâtre un levain de cabale. Hus chassa deux actrices, entre autres la coquette Valville ; il y eut du tapage. Le comman- dant fit venir Hus, qui l'apostropha en lui disant que « c'était lui qui faisait tout le bruit et était le seul cabaleur. » Le major se fâcha, comme bien on pense, ce ne fut cepen- dant que quatre mois après et à la suite d'une nouvelle im- pertinence, que le directeur fut disgracié et obligé, en vertu d'une lettre de cachet, de quitter « le tripot » dans les vingt-quatre heures et la ville dans les huit jours. Mais si la vengeance est le plaisir des dieux, la clémence est le de- voir des administrateurs : au bout d'un mois, Hus rentra à la direction du théâtre et, en janvier 1782, le ballet de la Rose et du Bouton reparut sur l'affiche (2). L'année théâtrale qui commença en avril 1782 amena sur la scène lyonnaise un homme dont le nom devait avoir dans la suite une sinistre signification : c'était Collot d'Herbois, le futur terroriste de Lyon. Né à Paris en 1750, (1) Joseph Vial, échevin, commandant en l'absence de M. Fay de Sathonay. — Petite chron. (Rev. du Lyon. t. Xix), 14 août et 13 déc. 1781. — Antoine Fay, seigneur de Sathonay, fut prévôt des marchands de 1779 à 1784. (2) Petit, chron. eod. loc. 24 janvier 1782.