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64                  PIERRE ET JEANNETTE

  « Un peu de patience, et tu reviendras, et nous forme-
« rons ce gentil ménage dont tu parles.
  « Les occupations dont tu es chargé là-bas ne valent
« pas celles de ce pays, il faut en convenir; j'aimerais
« mieux te voir à la queue de la charrue que dans tes soins
« de cuisinière et de nourrice ; mais, avec des maîtres si
« bons, qui t'aiment tant et à qui tu es si attaché, cette be-
« sogne peut être acceptée sans honte. Et puis les bonnes
« économies que ta situation te permet de faire serviront à
« nous établir plus tôt.
  « De mon côté, j'élève quatre brebis; elles vont me don-
« ner des petits, qui seront mon profit particulier, d'après
« le consentement de mes parents; ce sera ma dot, et je
« soignerai tant ce petit troupeau que je veux t'apporter
« une jolie petite somme à notre mariage.
  « Notre mariage ! comme ce mot me fait plaisir à écrire !
« Mais quand sera-ce, ô mon ami ?
  « Dans ta lettre, que j'aibaisée cent fois, tu me dis que tu
« m'embrasses avec ,1a permission de mes parents. Oui, ils
« l'ont permis, et ils permettent aussi que je t'embrasse
« dans la mienne. Je t'envoie donc mes embrassements,
« mon Pierre bien-aimé, et les plus tendres sentiments de
« mon coeur. — « JEANNETTE. »


                             III

   Cette naïve et honnête correspondance se renouvela à
peu près une fois par mois.
   Je pourrais vous citer plusieurs autres de leurs lettres;
je vous signalerai seulement des passages où les bons jeunes
gens parlent des progrès de leur instruction. Pierre disait :
« Je suis heureux d'acquérir toutes sortes de connaissances