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ou L'ÉCOLE DKS PAYSANS 63 « Tout le monde de la maison et du hameau t'adresse « les meilleures amitiés. Présente nos respects à Monsieur « et à Madame. « Ton père et ta mère qui t'aiment bien. » La seconde lettre était ainsi conçue : « Mon Pierre, « Je n'ai pas besoin de te dire le bonheur que m'a causé « ta lettre. Tu le comprends assez par le bonheur même « que te procurera la mienne, et parce que tu connais mon « coeur. Ne suis-je pas ta fiancée ? Je peux te le dire ou- « vertement, mes parents et les tiens me le permettent. « Je reçois aujourd'hui la plus précieuse récompense de « ma petite instruction en t'envoyant cette page, qui te « portera l'expression de ma tendresse. « O mon Pierre, que je suis heureuse de pouvoir te dire « sur ce papier béni que je t'aime, que je t'aimerai tou- « jours ! Je pense constamment à toi. Je vois sans cesse ta « figure si triste à ton départ, les grosses larmes qui tom- « baient de tes joues quand tu me fis tes adieux en m'em- « brassant. « Moi aussi je pleurais, et je dois avouer que je pleure « bien souvent encore en songeant à ton éloignement. « Mais ne crois pas que je sois inquiète sur un changement « qui pourrait arriver dans ton amour; je juge de tes senti- « ments d'après les miens, et je suis parfaitement sûre « qu'ils resteront les mêmes; tous les dangers qu'un jeune « homme, à ce |qu'on prétend, court dans cette grande « ville ne m'épouvantent pas du tout pour toi, car tu m'as « dit que tu me serais fidèle, c'est assez ; tu m'as promis « d'être un jour mon mari, cette parole me surfit.