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                           AU XVIIIe SIÈCLE                             25

marier. « L'entrée de la princesse eut lieu aux flambeaux.
Le lendemain, elle alla à la messe à midi, à la bibliothèque
de l'Oratoire à cinq heures, et le soir à la comédie, où l'on
jouait la Partie de Chasse d'Henri IV, de Collé, et le
Déserteur. On se loua beaucoup de son honnêteté : elle fit
au moins douze révérences en entrant et autant à son
départ; quoiqu'elle fut fort petite, on lui trouva un très-
beau teint, de beaux yeux, les mains et la gorge fort bien.
Le spectacle fut suivi d'un second feu d'artifice. »
   Ce fut vers le même temps que Mme Lobreau engagea
  lle
M Sainval la cadette, qui avait déjà obtenu à Paris un
« succès prodigieux » et dont M,le Clairon trouvait le
« talent réel et charmant ». Loin d'être jolie, maigre et
assez chétive, mais moins laide que sa sœur, elle avait de
la physionomie et mettait dans son jeu beaucoup d'âme et
de sensibilité. Une maladie avait suspendu ses débuts à la
Comédie-Française jusqu'au 10 février 1773 ; M11' Rau-
court avait surgi pendant son absence, elle était belle, et le
parterre n'eut plus d'hommages que pour cette nouvelle
étoile. Mlle Sainval revint donc en province, et le théâtre
de Lyon retentit bientôt de ses succès. Elle y resta jusqu'au
départ furtif pour la Russie de sa rivale dont l'astre avait
pâli à son tour, et, le 6 juin 1776, elle rentra triomphale-
ment à la Comédie-Française. Elle ne revint à Lyon qu'en
 1781, dans le plus mauvais état de santé et presque
 mourante (1).


   Depuis certaines lettres-patentes de 1764, les directeurs



   (1) Marie-Blanche Alziary de Roquefort était née à Coursegoules,
le 2 septembre 1752. — V . Galeries hist. des portraits et des comédiens de
h troupe de Voltaire. —Petit, chron. (Rev. du Lyon., t. XIX).