Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
                           AU XVIIIe SIÈCLE                             21
aussitôt à l'ouvrage et apporta le lendemain l'ouverture ( i )
à Rousseau, qui fut étonné de sa facilité et très satisfait.
Le grand homme demanda au compositeur « de lui laisser
faire Vandanie, entre l'ouverture et le presto, de même que
la ritournelle des coups de marteau, pour qu'il y eût
quelque chose de lui dans cette musique. »
   La collaboration ainsi répartie, l'ouvrage fut bientôt
achevé. M. de la Verpillière, prévôt des marchands, et sa
femme, dont l'esprit et la distinction plaisaient fort à
Rousseau, voulurent donner à M. et à Mme de Trudaine,
qui passaient à Lyon, le plaisir de voir, les premiers, jouer
Pygmalion sur un petit théâtre qu'ils avaient fait construire
à l'Hôtel-de-Ville où ils logeaient.
   Le théâtre de société était une fureur dans la seconde
moitié du xvme siècle. Mis à la mode par la cour, le goût
de la comédie régnait dans le grand monde, et des mères
comme Mme de Sabran donnaient à leurs enfants pour
professeurs Larive et M1Ie Sainval (2). Des théâtres se
dressaient dans les hôtels et dans les châteaux, et il n'était
pas de procureur qui ne voulût avoir une troupe dans sa
bastide. Aussi bien, les spectacles de salon avaient-ils
leurs répertoires : c'était le Théâtre de Société de Collé ou
les Proverbes dramatiques de Carmontelle.
   C'est sur la femme que le goût de la comédie exerçait
la plus puissante séduction. Il la faisait monter sur les plan-
ches et lui permettait d'être une actrice (3).


  (1) Une ouverture de Pygmalion fut exécutée au grand Concert de
Lyon, en 1767 : était-elle de Rousseau ?
  (2) A Lyon, M"le Hus enseignait à danser dans plusieurs commu-
nautés religieuses.
   (3) « Il lui donnait, disent MM. de Goncourt, l'amusement des
répétitions, l'enivrement de l'applaudissement. Il lui mettait aux joues
le rouge du théâtre qu'elle était si fière de porter, et qu'elle gardait au