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AU XVIIIe SIÈCLE 19 le désirer. » Cependant, comme beaucoup de familles qui ne passaient que l'hiver à Lyon ne prenaient qu'un demi' abonnement, les frais considérables de l'entreprise néces- sitèrent, en 1767, l'organisation d'une loterie, dont les lots gagnants consistaient en abonnements pour deux an- nées (1). La présence de Rousseau excitait un enthousiasme d'autant plus grand dans la salle du Concert, qu'on y avait déjà exécuté quelques-unes de ses œuvres musicales, entre autres la cantate de la Naissance de Vénus et le Devin de Village qui fut composé pour la partition avec la colla- boration du Lyonnais Gauthier (2). Horace Coignet (3), fils d'un honorable négociant de notre ville, qui était déjà connu comme un habile compositeur, a laissé d'intéres- santes Particularités sur J.-J. Rousseau, pendant h séjour qu'il fit à Lyon, en 1770 (4). K Je fis sa connaissance, dit-il, au grand Concert de cette ville (c'était le Vendredi-Saint) : on y exécutait le Statut de Pergolèse. Rousseau était placé dans une tribune, au plus haut de la salle, avec M. Fleurieux de la Tourette. Je montai avec empressement pour le voir. Il était assis sur une banquette placée en arrière. M. de Fleurieux me fit signe d'approcher ; en même temps, il disait à Rousseau que j'étais un amateur, bon lecteur, et que j'exécuterais bien sa musique. Moi, je lui dis que je voulais lui montrer quelque chose de ma composition pour le soumettre à son jugement, sur quoi il me répartit qu'il n'était pas louangeur. Il me donna rendez-vous (1) Affichesde Lyon, 1761 à 1770, passim. (2) Eod. loc. — Gauthier ne nous est connu que par cette mention an Journal encyclopédique du 1" avril 1763, p. 123 : « Le Devin de Village, pièce charmante qui fera longtemps regretter la mort préma- turée de M. Gauthier, musicien de Lyon. » (;) Né à Lyon en 1736, mort dans cette ville le 29 août 1821. (4) Publiées par Musset-Pathav, Hist. de la vie et des ouvrages de J.-J. Rousseau, t. I, p. 461-72.