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404 LES CHASSEURS DE RENNES. XII Etudier à Solutré, en pleine France, sous le 46° de la- titude, les plantes du Groenland, ne me paraissait pas, quoi que je pusse faire pour m'élever à la hauteur de la situation, une chose naturelle et facile à comprendre. — Rien de plus simple cependant, s'écria le docteur. Les astronomes prétendent que la précession des équi- noxes, combinée avec d'autres causes, comme par exem- ple les variations de l'orbite de la terre et de l'obliquité de l'écliptique, amène à la surface du globe des révolu- tions périodiques de climat et de température qui revien- nent régulièrement tous les 10,000 ans ou à peu près, suivant que la terre est plus ou moins rapprochée du so- leil, et que les glaces s'accumulent à l'un ou à l'autre pôle. L'an 1248 de notre ère, l'hémisphère boréal avait atteint son maximum de température. Si l'on remonte au-delà dans le passé, on entre dans une période dé- croissante, et le maximum de froid a dû se produire vers l'an 9250 avant Jésus-Christ, après quoi s'ouvre de nou- veau une phase de réchauffement jusqu'en l'an 19750 avant Jésus-Christ, époque à laquelle les conditions cli- matologiques de notre hémisphère devaient être les mê- mes qu'en 1248. C'est donc entre l'an 19750 avant J.-C. et l'an 9000 avant notre ère, que serait survenue, selon toute probabilité, l'invasion de l'Europe par les plantes et les animaux du nord qui disparurent ensuite ou re- montèrent vers le pôle avec le retour de la chaleur. — D'où vous concluez, cher docteur, que les scènes auxquelles nous avons l'étrange faveur d'assister aujour- d'hui, se passent dix à quinze mille ans avant J.-C. ? — Eh ! mon Dieu, oui !