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                 UN MARIAGE SOUS LES TK0V1QCES                 1 S7

  fié, puisqu'il l'a élevée jusqu'à être sa femme, mais son
  amour! Oh! le jour où Rodolphe aimerait d'amour cette
  créature, je n'aimerais plus Rodolphe, moi ! car je le mé-
  priserais !..,
     Q u ê t e disais-je? reprenait-elle après un moment do
  silence, car depuis dix jours.j'ai tant souffert que je nr^
  suis plus capable d'enchaîner deux pensées ! Ne t'afflige
 pas, mon pauvre ami, je t'en supplie. Tu as été aveugle.
  Toi, si accoutumé depuis vingt-cinq ans à me voir refléter
 tout ce qui luit dans ton âme, tu n'as pas songé à lire dans
 la mienne; tu t'es trompé sur la résignation apparente de
 ta pauvre compagne :je te le pardonne, car tu es destiné
 à en souffrir avec moi et alitant que moi. La malédiction
 est descendue sur notre triste foyer et nos prières seules
 peuvent en conjurer les effets. J'ai été faible vis-à-vis de
 mon cœur envoyant renverser tous mes rêves de mère,
 tous mes projets d'avenir. Mais je me sens forte pour Ro-
 dolphe. Notre devoir est de chercher ce qu'il peut y avoir
 de bon dans cette jeune femme, de le développer en fai-
 sant vibrer les cordes que nous reconnaîtrons sensibles à
la pression du cœur ou du cerveau ; de neutraliser les
 mauvais instincts, qui sont nombreux, en réagissant sur
 elle par le raisonnement et la bienveillance. C'est une
 épreuve à faire et j ' y suis prête. Mais, je te le jure, si l'in-
succès nous est réservé, si toi, dont la patience et la bonté
sont inimitables, tu déclares que tout espoir est perdu....
oh! alors, Léonard, j'enveloppe mon Rodolphe de toute ma
tendresse éplorée, de tous mes song-es évanouis, je veux
être tout pour lui et qu'il oublie dans les embrassements
de sa mère les joies de l'époux, flétries par le souffle em-
poisonné d'une femme indigne de lui !
  De ce jour, en effet, il s'opéra un changement notable
dans l'esprit de Wilhelmine. Herminia n'avait jamais pu