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 82             UN MARIAGE SOUS LES TROPIQUES.

 culé par les lèvres tremblantes, suffira pour river à jamais!
 Que de craintes oppressent sa poitrine, avec quelle an-
 goisse elle cherche à percer ce nuage qui lui dérobe l'a-
 venir! Si elle aime, combien durera ce doux mirage
 qui l'enivre et la trouble à la fois? Si elle est indifférente,
 que deviendra son cœur , comment sera son époux,
 quel sera son lot dans cette vie à deux où la société la
 condamne, aux larmes cachées pour toute consolation per-
 mise à sa faiblesse ? Mais si son âme ne lui appartient
 plus, si déjà elle s'est envolée sur l'aile d'une autre sym-
 pathie, si la raison, le devoir s'agenouillent seuls avec
 elle, si l'anneau nuptial n'est que la consécration d'une
 douleur dont elle ne sait pas la fin, oh ! alors pleure,
 pauvre fiancée ! que la miséricorde divine s'abaisse sur ta
 tête couronnée de fleurs comme celle de la victime et que
l'ange des compassions célestes marche avec toi dans le
 rude sentier que tu as à parcourir !
    La cérémonie achevée, le Oui prononcé, les hésitations
vaincues, tout n'est pasfinidans cette journée d'émotions.
La jeune épousée a perdu son nom, quitté le toit protec-
teur de son père, la vigilance idolâtre de sa mère pour une
nouvelle existence; elle n'est plus fille, elle n'est pas fem-
me encore. Elle ignore les mystères dont elle va être la
prêtresse, et sa pudeur, s'alarmant par un pressentiment
qu'elle ne peut définir, l'enveloppe d'un trouble que son
cœur n'a jamais connu. C'est un trésor de chasteté native
que l'amour transfigure en suaves transports pour l'épou-
se, en joies ineffables pour la mère! Wilhelmine ne pou-
vait, sans un saisissement indicible, se reporter à ce mo-
ment suprême où, laissée seule avec Léonard, effarouchée
comme un faon surpris par le chasseur, elle pensa s'é-
vanouir en voyant la fuite impossible. Son âme se rajeu-
nissait à ces souvenirs déjà lointains et elle sentait avec