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340 UN MARIAGE SOUS LES TROPIQUES. tu es loin d'avoir eue jusqu'ici. Si Herminia te suit, si elle remplit ses devoirs d'épouse et de mère, — pense à Dieu, mon fils, bénis-le, et qu'un voile impénétrable étouffe cette odieuse lumière ! Mais si, comme je le crains, son orgueil est le plus fort, et qu'elle prétende se soustraire à l'obéissance qu'elle t'a jurée; si elle cherche, comme elle l'a dit maintes fois, à garder ici en esclave en te séparant à jamais de tes vieux parents Oh! alors! mon enfant, foudroie-la par ses propres aveux; reprends ton fils au nom de l'honneur, au nom de la morale, au nom de ces fangeuses révélations qui doivent la confondre ! On comprend facilement qu'une position aussi violente ne pût durer longtemps. Dès le lendemain, Rodolphe annonça à sa femme que leur départ pour l'Europe serait prochain, et il eut assez d'empire sur lui-môme pour empreindre ses arguments de toute la douceur qui devait les faire accepter. Mais Herminia était prête au combat. Le peu d'empres- sement de Rodolphe à son arrivée, sa longue conférence avec — les vieux, — tout lui avait révélé un danger. Elle signifia résolument à son mari sa détermination de rester à Chirimayo. — Mon père ne peut tarder à mourir, ajouta-t-elle cy- niquement, et il est de mon intérêt de lui fermer les yeux. Ne vous inquiétez pas de votre manque de fortune per- sonnelle : je saurai bien tirer de ma mère l'argent dont vous aurez besoin et vous n'aurez qu'à demander. Quant à notre enfant, il est trop jeune pour supporter les fati- gues d'un pareil voyage, et ma tendresse me défend d'y consentir; si votre retour en Europe est indispensable, partez seul. Vous reviendrez dès que cela vous sera pos- sible, et vous trouverez toujours votre couvert mis !