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ÉTUDK SUR I,K PATOrS LYONNAIS. i) I complément à notre œuvre, de l'étudier comparativement avec sesdeux branches collatérales, l'italienetlelanguedoc, frère et sœur par l'origine ; mais qui, mieux conservés et plus vivaces dans leur autonomie, se sont naturellement moins imprégnés de l'élément celtique ; en sorte que l'on pourrait dire, sans jeu de mots, de ces deux langues, qu'elles sont restées moins romanes que romaines. Je compare- rais, sous ce point de vue, notre dialecte, à un temple drui- dique fruste, auquel le roman aurait accolé des colonnes ioniques, et la langue d'oc des canelures et des volutes corynthiennes; tandis que l'italien le brodait d'arabesques, et sur ses autels dépouillés de dieux informes et sangui- naires, plaçait les gracieuses créations mythologiques, fruit de l'imagination poétique de la Grèce et de l'Inde, d'où nous sont venues toute civilisation et toute langue. La langue aujourd'hui parlée dans la Gascogne, ancien pays des Basques, indifféremment appelés par les anciens historiens BASCULI, BASCLONI, GASCONI et VASCONI (1) est loin d'être la langue basque proprement dite ; elle n'a même avec elle que des rapports fort éloignés. Celle-ci, ancienne langue des indigènes, parlée encore aujourd'hui par les montagnards pyrénéens et par ceux de quelques provinces espagnoles qui bordent notre frontière, est une langue à part, tout à fait distincte de nos langues néo-latines, très- perfectionnée, à ce que disent ceux qui l'ont étudiée (2),et à mais qu'est-ce que cela prouve? Aujourd'hui on en chante de plus nou- velles, en français, où l'on trouve des mots peut-être plus fins ; mais qui y comprend quelque chose? (1) Voir précédemment note de Moréri. Siès Vascoun? êtegrvous Gascon ! dit-on encore aujourd'hui à l'étranger qui se présente au pays. (2) L'harmonie du basque est si grande dans ses conjugaisons , leur va- riété, leur disposition si admirables, que l'on ne saurait imaginer rien de mieux en ce genre. On trouve incontestablement chez lui un ordre, une variété, une clarté et une convenance qui prouvent une sagesse et un génie admirables chez ses auteurs. (Grammaire de la langue basque/ par le P. Manuel de LARRAMEXDI, inti- tulée : El impo$tible wncido. — L y o n , Blanc, éditeur. 1854).