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                 I E MAJOR GÉNÉRAL MARTIN.
                  ,                                       323

   Nous ne pouvons nous dispenser de rappeler ici qu'à
l'époque à laquelle nous nous reportons, l'avancement
était à peu près impossible en France pour quiconque
n'était pas d'origine noble- Malgré le courage, malgré le
mérite, malgré le génie même, tout soldat roturier était
infailliblement condamné à passer sa vie dans les grades
inférieurs. Nous avons donc tout lieu de croire que
Claude Martin, ayant contracté à seize ans un engage-
ment pour un temps limité, comme ils se contractaient
tous, une fois ce temps expiré, libre de ses actions, en
présence de la désorganisation de notre puissance dans
l'Inde et de l'impossibilité pour lui de se créer une posi-
tion dans notre armée, se décida, sans forfaire à l'hon-
neur, puisqu'il n'avait pas à combattre contre son pays,
à prendre du service dans la Compagnie anglaise des In-
des, laquelle, plus tard, apprécia si fort sa bravoure, son
mérite d'administrateur et sa haute intelligence.
   L'extérieur de Martin prévenait en sa faveur; il était
grand, d'une tournure distinguée, avait le front très-dé-
couvert, les yeux pleins de finesse et de vivacité. Dès les
premières années, il sait se faire aimer et estimer de
ses chefs anglais par une conduite irréprochable, par son
caractère à la fois ferme et bienveillant. On l'envoie dans
le Bengale avec un corps de troupes dont on lui confie le
commandement ; le vaisseau échoue pendant la traver-
sée ; mais, grâce à son intrépidité, une partie de l'équi-
page est sauvé. A son retour à Calcutta, en récompense
de ce fait et d'autres qui le signalent à l'attention, le con-
seil du Bengale lui accorde un guidon de cavalerie, puis
peu de temps après une compagnie d'infanterie.
   Dans la nouvelle position qui lui est faite, Martin mon-
tre qu'il n'a pas seulement toutes les qualités du soldat,
qu'il n'est pas seulement capable de faire la guerre, d'y