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             LA T E S S O N N E



   Las des travaux arides de l'hiver, des jaunes paperas-
ses, des noms de lieux et des noms plus affreux encore
des hauts et puissants seigneurs de la politique, nous
regardions impatient nos montagnes blanches de frimas;
le temps des courses et des découvertes n'était point venu;
plutôt boucler le sac et les guêtres et saisir la carabine
du franc-tireur! Dans ces campagnes où nous cherchons
les voies romaines, dans ces camps retranchés dont les
aggers retiennent notre pioche de fouilleur, l'ennemi
pouvait arriver! Les antiques refuges, les oppida étaient
prêts à nous recevoir.
          Alors il fallut fuir; vers nos cimes ardues
          Par les noirs défilés, par les bois défendues,
          On courut; on refît le chemin des aïeux,
          Emmenant les troupeaux, les meubles précieux.
          Ainsi qu'aux anciens jours la race émigrait toute (1).

   L'alerte fut cependant de courte durée; mais déjà le
Morvan et Beuvray, la Bibracte gauloise qui bornent au
nord l'horizon des Ségusiaves voyaient à leurs pieds les
hordes barbares.
   Au logis, pour oublier le présent et l'avenir désolés,
en vain nous nous étions plongé dans le passé et remon-
tions le cours des âges. Hélas ! de temps à autre de pau-
vres gens de la ville, des cotonaires venaient frapper à

  (1) V. De Lapratle, Pernette.