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BIBLIOGRAPHIE. 95 touristes recherchent avec ardeur. Aussi notre aimable guide n'est-il pas des moins empressés, et il le décrit dans ce style chaudement imagé avec lequel il excelle à pein- dre les grandes scènes de la nature. « La nuit la plus bril- lamment étoilée couvrait encore la terre de son voile va- poreux, que déjà nous étions au crêt de la Perdrix. Nous n'avions pas longtemps à attendre : les sommets glacés des Alpes, derrière les limites de l'horizon du côté de l'Orient, frappés des premières lueurs, commençaient à montrer leurs crêtes crénelées sur l'azur des cieux ; les ombres fuyaient graduellement devant les douces clartés de l'au- rore ; elles s'évanouissaient peu à peu, comme ces son- g'es légers dont il reste à peine, au moment du réveil, un faible souvenir. Bientôt le soleil, caché derrière les ram- parts alpestres du Piémont, commença à montrer son dis- que d'or, et à nous faire jouir de l'un' de ces spectacles dont la magnificence indicible jette l'âme dans une extase religieuse.. Nous suivions l'astre du jour dans sa course ascendante. L'univers, à sa présence, Semble sortir du néant; il prend sa course, il s'avance Comme un superbe géant-..-. A mesure qu'il s'élevait, les milliers de rayons lumi- neux qui s'échappaient de son sein ne permettaient plus à nos yeux éblouis de sa splendeur de continuer à le fixer. Ses feux se décomposaient, comme à travers un prisme magique dans toutas les gouttes de rosée, disséminées comme des perles sur les feuilles des végétaux. La brise matinale, en nous caressant de son souffle embaumé, ap- portait à nos poumons l'air vivifiant des montagnes, source pour le corps d'une plus grande énergie, et pour l'âme d'un bien- être inconnu dans la plaine. En vain a-t-on