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LES CHASSEURS DE RENNES. 405 —Mais alors que faites-vous de la chronologie biblique ? — Mon cher ami, il n'y a pas, en réalité, de chronolo- gie biblique, pour les temps antérieurs à Abraham. Les computations vulgairement répandues et qui attribuent à la création de l'homme une antiquité approximative de 6,000 ans, sont de simples hypothèses des commenta- teurs. D'ailleurs les systèmes chronologiques sont fort nombreux ,• on en compte plus de 150, également auto- risés et qui diffèrent entre eux de plus de mille ans, ce qui prouve bien qu'ils n'ont pas une base bien solide. J'aime autant en croire les astronomes et les géologues, qui ont au moins le mérite de s'accorder dans leurs conclusions pour vieillir l'homme considérablement. — Il me semble que vous faites bon marché des com- mentateurs et qu'hypothèses pour hypothèses, les pre- mières ont au moins pour elles l'autorité et la consécra- tion du temps. — Ne parlons pas d'autorité en matière de science ; c'est un principe ruineux et je ne reconnais que l'auto- rité des faits. Quand un fait a parlé, je me tais. D'ail- leurs sachez pour votre tranquillité que l'Église n'a ja- mais tranché ces questions dogmatiquement et laisse à leur endroit la plus grande liberté. N'est-il pas admis aujourd'hui, par les esprits les plus orthodoxes, que les jours de la création sont des périodes très-longues et in- déterminées ? Pourquoi donc imposer d'étroites limites aux origines de l'humanité ? Et remarquez bien que la véracité de la Bible n'est point du tout attaquée par les théories nouvelles. C'est une simple question d'interpré- tation sur laquelle les chronologistes devront tôt ou tard s'entendre avec les savants. Cette conciliation est, d'ail- leurs , toute préparée par des écrits comme ceux de Mgr Meignan.